Ce ne sont pas les films incroyables qui manquent dans la liste de Roger Ebert des plus grands films de tous les temps. Les films les plus sous-estimés de sa liste peuvent passer inaperçus au profit des blockbusters et des chefs-d’œuvre renommés, mais ces titres négligés méritent tout autant d’attention.

Roger Ebert est l’un des critiques de cinéma les plus influents du XXe siècle et le premier à avoir reçu le prix Pulitzer. Ses critiques rayonnent d’un amour du cinéma et de la vie, qu’il a conservé jusqu’au bout, même en luttant contre un cancer de la thyroïde. Après son décès en 2013, l’effusion d’affection pour Ebert n’avait jamais été accordée à un critique de cinéma auparavant. Robert Redford l’a appelé « l’un des grands champions de la liberté d’expression artistique », tandis que Barack Obama a simplement dit : « Roger était le cinéma. »

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Au cours de sa carrière, Ebert a publié des milliers de critiques. Outre ces fameuses critiques de Roger Eber, il a compilé une liste de « grands films » qu’il considérait comme les meilleurs, comprenant des classiques et des perles obscures. Sa liste mérite d’être explorée dans son intégralité, mais pour ceux qui sont pressés, voici quelques-uns des choix négligés que de nombreux spectateurs n’ont peut-être pas encore vus.

Mis à jour le 24 janvier 2023, par Hannah Saab :

Ce ne sont pas les films incroyables qui manquent dans la liste de Roger Ebert des plus grands films de tous les temps. Les films les plus sous-estimés de sa liste peuvent passer inaperçus au profit des blockbusters et des chefs-d’œuvre renommés, mais ces titres négligés méritent tout autant d’attention.

1 « Mishima : Une vie en quatre chapitres  » (1985)

Ce drame, réalisé par Paul Schrader, retrace la vie de l’un des écrivains japonais les plus influents du XXe siècle. Yukio Mishima est né en 1925 et a vécu une période de bouleversements dans son pays. Adolescent, il a connu la Seconde Guerre mondiale et la défaite du Japon face aux forces américaines. Pour Mishima, il ne s’agissait pas simplement d’une défaite militaire, mais d’une défaite culturelle. Il méprisait l’ordre politique d’après-guerre et la culture de consommation de masse.

Dans sa jeunesse, Mishima a publié plusieurs romans acclamés qui exprimaient son sentiment de déconnexion du Japon moderne. Plus tard dans sa vie, il devient de plus en plus radical et politiquement actif, et finit par former un groupe paramilitaire. Il finit par former un groupe paramilitaire, dont le point culminant est une tentative malencontreuse de prise en otage d’un responsable militaire. Mishima reste une figure controversée au Japon, et le film de Schrader fait revivre son histoire fascinante.

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2 ‘Crumb’ (1995)

Crumb

Rencontrez Robert Crumb, un dessinateur underground influent et irrévérencieux. Ce documentaire retrace son évolution en tant qu’artiste et ses attitudes cyniques envers la vie moderne américaine. Mais ce qui est le plus fascinant, c’est la façon dont le film se penche sur l’enfance morose de Crumb.

Le film révèle comment Crumb et ses frères et sœurs ont souffert de leur père autoritaire. Deux de ses frères ont plus tard développé de graves problèmes psychologiques et ont connu une fin tragique. Fondamentalement, Crumb cherche à expliquer pourquoi le dessinateur a tourné comme il l’a fait. Ce faisant, il élabore une étude de caractère convaincante tout en parvenant à devenir un classique culte surprenant au fil des ans.

3 ‘Dekalog’ (1989)

Dekalog

Dekalog est une série de dix films dramatiques polonais d’une heure chacun, inspirés par l’un des dix commandements. Tous les films tournent autour de personnages vivant dans un immeuble d’habitation dans la Pologne des années 1980 et confrontés à divers dilemmes éthiques. Cependant, Dekalog n’est pas ouvertement religieux. Il s’intéresse à la moralité en action plutôt qu’à la moralité en tant qu’abstraction.

Ce qui aurait pu être une série sèche et didactique devient un récit nuancé de choix moraux, porté par d’excellentes performances et un scénario intelligent. Ebert l’a classé parmi ses favoris absolus. Stanley Kubrick était également un fan de Dekalog, qualifiant la série de « chef-d’œuvre ».

4 « Caché » (2005)

Caché

Daniel Auteuil et Juliette Binoche sont les vedettes de ce thriller psychologique du talentueux réalisateur Michael Haneke, peut-être plus connu pour son film Le Ruban blanc, qui a remporté la Palme d’or. Un couple de la classe moyenne reçoit des cassettes anonymes d’eux-mêmes qui semblent avoir été enregistrées par des caméras de surveillance cachées. Le mari, Georges, tente de trouver la source de ces enregistrements et se lance dans une quête qui l’oblige à se confronter à son enfance.

Caché est une exploration réfléchie des questions de mémoire et de culpabilité collective. Il allie la tension d’un thriller hollywoodien à une grande force dramatique, sans oublier les excellentes performances des acteurs principaux. Il est idéal pour les fans de David Fincher ou de Denis Villeneuve.

5 ‘Le tombeau des lucioles’ (1988)

Grave of the fireflies

Ce film d’animation sans concession suit deux enfants qui tentent de survivre à Kobe, au Japon, pendant la Seconde Guerre mondiale. La guerre touche à sa fin. Les bombes incendiaires chargent le paysage et la société est au bord de l’effondrement. En contraste avec le récit dévastateur, les images sont magnifiques et saisissantes. C’est peut-être le film le plus esthétique du Studio Ghibli, et la barre est haute.

L’animation empêche le film de devenir trop violent ou trop lourd. Elle permet au spectateur de se concentrer sur les personnages. En fait, cela rend le film encore plus déchirant. Grave of the Fireflies a été acclamé par la critique, mais de nombreux spectateurs occidentaux ne l’ont peut-être pas encore vu.

6 La série télévisée « Up » (1964)

Up doc

En 1964, Seven Up ! s’est intéressé à la vie de quatorze enfants britanniques, dix garçons et quatre filles. Les réalisateurs ont ensuite pris des nouvelles des enfants tous les sept ans pour un film de suivi. Neuf films de la série ont été réalisés, sur une période de 56 ans, et le plus récent sera présenté en 2019. Le résultat est l’un des portraits les plus détaillés et intimes de la vie réelle jamais filmés.

Le premier film a été conçu comme une exploration des classes sociales au Royaume-Uni. Mais au fur et à mesure que les films progressent, ils deviennent moins politiques et plus personnels. Ils comprennent des entretiens approfondis avec les participants concernant leur travail, leur famille, leurs relations et leurs opinions spirituelles. Ebert a classé les documentaires Up parmi ses dix films préférés de tous les temps, les qualifiant d' »utilisation inspirée, voire noble, du support cinématographique ».

7 ‘Les Ailes du désir’ (1987)

Les Ailes du Désir

Ce film fantastique du réalisateur allemand Wim Wenders donne une tournure unique au concept d' »ange déchu ». Situé à Berlin dans les années précédant la chute du mur, il suit plusieurs anges qui veillent sur les habitants de la ville, bien qu’ils soient impuissants à influencer les événements. L’un de ces anges (Bruno Ganz) tombe amoureux d’une humaine (Solveig Dommartin) et choisit de devenir mortel pour être avec elle.

Les Ailes du désir est un film lent et réfléchi, qui ressemble plus à un poème qu’à un récit conventionnel. Il a servi de base à un remake américain, City of Angels, avec Nicolas Cage et Meg Ryan. Mais l’original a plus d’impact, peut-être parce que Bruno Ganz est si bon dans le rôle principal. Les Ailes du désir a reçu des critiques élogieuses à sa sortie et continue d’être tenu en haute estime.

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8 ‘Santa Sangre’ (1989)

Santa Sangre

Santa Sangre (qui signifie « sang sacré » en espagnol) est un film d’horreur fantasmagorique du réalisateur culte Alejandro Jodorowsky. Il met en scène le fils de Jodorowsky, Axel, dans le rôle de Fenix, un jeune homme qui était magicien dans un cirque lorsqu’il était enfant. L’autre fils de Jodorowsky, Adán, joue le rôle du jeune Fenix dans des flashbacks. Nous apprenons que Fenix a eu une éducation traumatisante, témoin de toutes sortes de violences. Finalement, la mère sans bras de Fenix le manipule pour qu’il assassine plusieurs personnes. Santa Sangre raconte l’histoire de la lutte de Fenix pour reprendre le contrôle.

Jodorowsky est sans aucun doute l’un des réalisateurs les plus créatifs du XXe siècle, et cela se voit dans Santa Sangre. Il a l’œil pour les images frappantes et les intrigues véritablement troublantes. Ebert a qualifié Santa Sangre de l’un des meilleurs films d’horreur jamais réalisés. Il est parfait pour les amateurs de films d’horreur macabres à la Lars von Trier.

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9 ‘Secrets et mensonges’ (1996)

Secrets et mensonges

Secrets &amp ; Lies est un drame du réalisateur britannique vétéran Mike Leigh. Comme une grande partie de l’œuvre de Leigh, Secrets et mensonges a été improvisé principalement par l’ensemble de ses acteurs et explore les questions de division de classe. Le film suit Hortense (Marianne Jean-Baptiste), une optométriste noire prospère qui a été adoptée lorsqu’elle était bébé et qui cherche maintenant à retrouver sa famille biologique. À sa grande surprise, Hortense découvre que sa mère biologique (Brenda Blethyn) est une femme blanche de la classe ouvrière issue d’un milieu dysfonctionnel.

La force des films de Mike Leigh est leur réalisme. L’intrigue est secondaire ; il s’agit de voir des personnages authentiques aux prises avec des problèmes quotidiens. Et les personnages de ce film sont parmi les mieux dessinés de toute la filmographie de Leigh. Jean-Baptise et Blethyn sont exceptionnels, tout comme les seconds rôles Timothy Spall, Phyllis Logan et Lesley Manville.

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10 ‘Au Revoir les Enfants’ (1987)

Au Revoir les Enfants

Inspiré de faits réels, ce drame raconte l’histoire d’un prêtre et directeur d’école français qui a hébergé plusieurs enfants juifs pendant l’occupation nazie de la France. Le film recrée de manière évocatrice la France sous le régime nazi : Les soldats allemands patrouillent dans les rues, les citoyens murmurent leur rage contre le gouvernement collaborationniste, mais la vie continue.

La plupart de l’action se déroule dans un pensionnat, où les enfants sont plus ou moins à l’abri des réalités extérieures – jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus. Une anecdote intéressante : Quentin Tarantino a déclaré que le titre de son premier film lui a été inspiré par un client du vidéoclub où il travaillait, qui a mal prononcé Au Revoir les Enfants en disant « chiens de réservoir ».

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11 ‘Cléo de 5 à 7’ (1962)

Cléo de 5 à 70

Cléo de 5 à 7 est un film classique de la Nouvelle Vague française qui raconte l’histoire de Cléo (Corinne Marchand), une chanteuse pop égoïste et égocentrique qui marche dans les rues de Paris pendant deux heures en attendant les résultats d’un examen diagnostique qui pourrait indiquer qu’elle a un cancer. C’est un parcours de découverte de soi et d’introspection qui tiendra le public en haleine.

Réalisé par Agnès Varda, le film est une combinaison remarquable de drame, d’humour et d’existentialisme, ce qui en fait un véritable événement à l’époque. Le rôle de Cléo, interprété par Marchand, a également été salué pour sa fragilité et son égo dans une même mesure. Ce classique français est un incontournable pour les admirateurs de la Nouvelle Vague française et pour ceux qui recherchent un film qui les amènera à repenser leur propre vie.

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12 « Come and See » (1985)

Come and See

Come and See, du réalisateur Elem Klimov, est un film anti-guerre sans concession qui n’est pas pour les âmes sensibles. Il s’agit d’un regard déchirant et sans compromis sur le caractère impitoyable de la guerre et son impact sur des victimes innocentes. Le film se déroule sous la domination nazie de la Biélorussie pendant la Seconde Guerre mondiale et suit un jeune homme nommé Flyora (Aleksei Kravchenko) qui décide de rejoindre la résistance et fait l’expérience directe des horreurs de la guerre.

La description intense et violente de la guerre et de ses effets sur des personnes innocentes dans le film laissera les spectateurs stupéfaits. Sa cinématographie brillante ajoute à son charme, avec une combinaison de prises de vue à l’épaule et de plans fixes qui représentent efficacement l’agitation du combat. C’est un film à voir absolument pour les fans de films de guerre et pour ceux qui recherchent un film qui laissera une impression durable, grâce à ses images à couper le souffle, à ses acteurs forts et à sa description brutale de la guerre.

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13 ‘Waking Life’ (2001)

Ethan Hawke et Julie Delpy dans 'Waking Life'.

Waking Life est un film d’animation qui dépeint un voyage philosophique dans le domaine du rêve lucide, avec un large éventail de personnages et une intrigue non linéaire. Le film s’interroge sur la nature de la réalité, le sens de la vie et le pouvoir de l’esprit humain.

Le film, réalisé par Richard Linklater et mettant en vedette Wiley Wiggins, contient une animation rotoscopique à couper le souffle qui ajoute une touche surréaliste à l’intrigue frénétique. Le casting de stars, qui comprend Ethan Hawke, Julie Delpy et Steven Soderbergh, a également contribué à élever le niveau du film. Il s’agit d’un film à voir absolument pour les amateurs de cinéma indépendant et ceux qui cherchent un film qui mettra à l’épreuve leurs idées préconçues, grâce à son animation hallucinante, son intrigue stimulante et son ensemble talentueux.

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14 ‘Leaving Las Vegas’ (1995)

Nicolas Cage buvant un cocktail dans 'Leaving Las Vegas'.

Leaving Las Vegas est un drame passionnant sur Ben Sanderson (Nicolas Cage), un scénariste hollywoodien qui perd tout et tente de se tuer dans l’alcool à Las Vegas. Là, il rencontre Sera (Elisabeth Shue), une travailleuse du sexe, et les deux forment une relation compliquée et émotionnellement intense.

Réalisé par Mike Figgis, les performances exceptionnelles du film, notamment celles de Cage et Shue, leur ont valu des nominations aux Oscars. Sa description honnête de l’addiction et de la propension humaine à l’autodestruction lui a valu de faire l’objet d’un culte parmi les fans. Leaving Las Vegas est un film qui épuisera les spectateurs sur le plan émotionnel – c’est un film qui touchera une corde sensible avec ses performances brutes, sa représentation franche de la dépendance et ses relations complexes.

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15 ‘Jules et Jim’ (1962)

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Jules et Jim est un film réalisé par le légendaire François Truffaut. Ce classique de la Nouvelle Vague française met en scène un triangle amoureux qui tient les spectateurs en haleine. Le film suit Jules (Oskar Werner) et Jim (Henri Serre), deux amis qui tombent amoureux de la même femme, Catherine (Jeanne Moreau), et le désastre qui s’ensuit.

L’approche novatrice du film sur le thème de l’amour et de l’amitié, ainsi que ses fortes connotations féministes, étaient révolutionnaires. Il se distingue également par son exploration des relations de genre, de classe et de pouvoir dans la société française. Ce film est un must pour les fans de la Nouvelle Vague française, notamment en raison de ses idées provocantes, de ses images spectaculaires en noir et blanc et de ses performances convaincantes.

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