Lorsqu’il s’agit d’un personnage historique aussi connu – ou tristement célèbre, selon le point de vue – que Marie-Antoinette, la pression est forte pour que toute nouvelle adaptation de son histoire donne une nouvelle tournure aux choses. Il faut également inciter le public à découvrir une histoire qu’il a déjà entendue, ou l’éloigner de sa version préférée pour l’inciter à en essayer une nouvelle. Tel est le fardeau qui pèse sur le prochain film d’époque de PBS, Marie-Antoinette. Malheureusement, malgré les meilleures intentions de toutes les personnes impliquées et l’interprétation convaincante de la star Emilia Schüle dans le rôle de la future reine de France, la série finit par ressembler à Versailles lui-même : glamour et luxueux en apparence, mais cachant des excès peu ragoûtants.

La série suit Marie (Schüle), à partir de ses derniers jours en tant qu’archiduchesse autrichienne, alors qu’elle est emmenée en France pour être mariée au Dauphin Louis (Louis Cunningham) – qui deviendra bientôt Louis XVI. Versailles est un changement pour la jeune princesse, qui n’est pas habituée aux machinations d’une cour aussi toxique que Versailles, et qui se retrouve en constante opposition avec la maîtresse du roi Louis XV (James Purefoy), Madame Du Barry (Gaia Weiss), ses filles Adélaïde (Crystal Shepherd-Cross) et Victoire (Caroline Piette), et le frère de Louis, le comte de Provence (Jack Archer). Les six premiers épisodes de la série suivent Marie alors qu’elle fait son chemin à la cour et qu’elle apprend à jouer le jeu de Versailles, s’épanouissant progressivement dans son rôle de princesse, même si son rôle d’épouse de Louis lui semble de plus en plus difficile à maîtriser.

Les premiers jours du mariage de Louis et Marie sont un terrain familier pour tous ceux qui ont étudié la monarchie française – comme j’ai dû le faire pendant plus longtemps que je ne veux m’en souvenir – pour ceux qui ont grandi avec Marie Antoinette de Kathryn Lasky : Princesse de Versailles de Kathryn Lasky, ou plus particulièrement ceux qui connaissent le film éponyme de Sofia Coppola avec Kirsten Dunst. Sous la houlette de Deborah Davis, il est clair que la série essaie de faire quelque chose de différent, d’audacieux tout en étant sobre, de glamour tout en étant graveleux. En essayant d’être tout cela à la fois, la série s’expose à de nombreuses comparaisons avec d’autres drames d’époque, mais ce n’est pas quelque chose qui joue en faveur de Marie-Antoinette.

Image via PBS

RELIEF : Marie Antoinette : Le film d’époque de PBS sort au printemps

La fin des années 2000 et le début des années 2010 ont été marqués par l’apogée des drames d’époque se déroulant entre le XVIe et le XVIIIe siècle – on pense notamment aux Tudors, aux Borgias et aux adaptations de Philippa Gregory. D’un point de vue esthétique, Marie Antoinette a beaucoup en commun avec ces séries : des costumes et des bijoux à couper le souffle, ainsi qu’un décor méticuleusement conçu qui transmet le luxe de la cour de Versailles dans chaque image. Mais alors que ces séries se contentaient d’être une approche relativement simple de l’histoire – avec un peu de sexe, parce que c’est quelque chose qu’ils sont autorisés à faire sur le câble premium et qui les différencie – les approches modernes de l’histoire sont allées au-delà. The Great de Prime Video est anachronique, certes, mais elle a quelque chose à dire sur l’époque. Vikings : Valhalla est très différent dans son ton, mais il aborde les personnages et les intrigues avec le genre d’intentionnalité qui fait cruellement défaut à Marie-Antoinette.

Pour donner un exemple concret, il est préférable de se pencher sur la relation entre Marie et Louis. Les adaptations des premiers jours de leur mariage s’accordent toutes à dire que les choses ont été difficiles au début. Si l’on met de côté les tensions liées à une union politique arrangée avec un inconnu et le véritable choc culturel qu’est Versailles, les deux hommes ne semblent pas avoir grand-chose en commun au départ. Ce qui m’a d’abord semblé intéressant, c’est que lorsque le public fait la connaissance de Louis pour la première fois, il est silencieux, maladroit et plus préoccupé par la chasse que par sa nouvelle épouse. Bien que je me rende compte aujourd’hui que j’en ai trop déduit, il m’a semblé que Louis était dépeint comme un neurodivergent. Cette perspective m’enthousiasmait, d’autant plus que beaucoup considèrent rapidement la neurodivergence comme un concept moderne, plutôt que comme un concept qui n’a tout simplement pas été documenté et rejeté pendant une grande partie de l’histoire de l’humanité. Quelle nouveauté, alors, de suggérer qu’un des rois les plus connus de l’histoire aurait pu être neurodivergent. Les épisodes suivants éliminent presque entièrement cette idée. C’est comme s’ils s’étaient rendu compte, dans la panique, qu’ils devaient faire de Louis un personnage principal romantique convaincant, et qu’ils avaient donc modifié sa caractérisation pour le rendre plus conventionnel. Il n’y avait aucune intentionnalité derrière son comportement antérieur, étant donné que la plupart d’entre eux disparaissent d’une simple pression sur un bouton.

Rétrospectivement, il est peut-être préférable que la série n’ait pas retenu cette caractérisation, étant donné les éléments troublants de l’épisode 5. Alors que Marie est de plus en plus frustrée par son mariage non consommé, et que les pressions de sa mère et de la cour française continuent à la pousser à produire un héritier, elle confronte enfin son mari au manque d’affection qu’il a pour elle. La solution de Louis ? La pousser sur son lit et se jeter sur elle. Le moment ne dure pas longtemps, mais il sort tellement de l’ordinaire pour le genre d’homme doux et maladroit que Louis a été montré jusqu’à présent. Il n’est d’ailleurs plus jamais abordé.

Le seul point positif de cette série est Emilia Schüle. Son interprétation permet de saisir Marie-Antoinette à chaque période de sa vie, de la nouvelle arrivée naïve à Versailles à la princesse qui fait de son mieux et enfin à la reine qui apprend à jouer le jeu. Elle transmet tout cela si bien que son interprétation convainc le public de moments qui seraient invraisemblables, voire irréalistes, dans les mains d’un autre acteur. Marie Antoinette tente véritablement de donner une nouvelle tournure à la vie de la célèbre reine française, mais en essayant à la fois de faire quelque chose de différent et de s’en tenir à ce qui a si bien fonctionné pour les histoires qui l’ont précédée, la série finit par parler beaucoup trop et par dire très peu.

Note : C

Marie Antoinette est diffusée pour la première fois sur PBS le 19 mars.