Qu’obtiendriez-vous si vous preniez la prémisse de meurtre et de mystère de Only Murders in the Building, la dépouillait de son humour, croisait le tout avec certains des éléments de la spectaculaire série Servant, et lui donnait une sensibilité de thriller plus trash ? Eh bien, cela ressemblerait probablement un peu à The Watchful Eye. Cependant, cette série est loin d’être aussi amusante que cette description le laisse entendre. Définie par ce qui semble être des rebondissements importants (qu’elle revient presque toujours en arrière immédiatement après), c’est une histoire à la recherche de quelque chose de plus à se mettre sous la dent qu’elle ne trouve jamais. Au cours des huit épisodes proposés, même lorsque l’on pense que la série passe enfin à la vitesse supérieure, elle rétrograde rapidement, ce qui réduit à néant l’intérêt déjà minime que l’on pouvait avoir.

The Watchful Eye commence assez bien avec Elena Santos (Mariel Molino), qui va travailler comme nounou à domicile dans un immeuble haut de gamme de Manhattan, le Greybourne. Une tragédie a récemment frappé la communauté lorsqu’une femme aurait fait une chute mortelle depuis l’un des étages supérieurs. Pour ne rien arranger, Elena doit traiter avec des personnes dont l’argent familial s’accompagne d’une arrogance et d’un sentiment de supériorité. Lors de son premier entretien, elle est soudainement interrogée sur son manque de qualifications, alors qu’elle est surqualifiée pour s’occuper d’un enfant.

Alors pourquoi voudrait-elle faire un tel travail ? Eh bien, Elena a un projet bien à elle pour lequel ce travail n’est qu’une couverture. Le secret qu’elle porte avec elle n’a rien à voir avec ce qu’elle va découvrir dans ce monde isolé qui cache une série de morts qui rapprocheront dangereusement le passé et le présent. Du moins, c’est ce qui est censé se passer en théorie. Dans la pratique, même si Molino fait de son mieux pour porter l’histoire, l’expérience est paralysée par un manque d’enjeux réels et une absence générale de dynamisme dans ce qui se joue. Plus ça va, plus ça commence à traîner.

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Il est nécessaire d’être prudent pour expliquer le pourquoi de cette situation, car certains éléments peuvent être dévoilés. Presque chaque épisode comporte au moins une sorte de révélation qui, dans une histoire plus engagée, aurait marqué une montée en puissance de la tension. Au lieu de cela, on a surtout l’impression que ce n’est que de la poudre aux yeux pour des intrigues généralement lassantes qui ont toutes l’air de piétiner. Même avec les romances, les trahisons et les subterfuges qui peuplent chaque épisode, on se demande constamment si tout cela aura de l’importance. Lorsque la chaussure est censée tomber à la fin de chaque épisode, la musique enfle et nous laisse sur un cliffhanger. Il est donc plutôt bizarre que l’épisode suivant reprenne l’histoire en faisant fi de ce que nous venons d’apprendre. Cela réduit tout cela à un simple stratagème pour que nous continuions à regarder, sans tenir compte du peu d’importance que revêtent les personnages ou l’histoire dans laquelle ils sont piégés.

La série tombe dans un schéma cyclique où les personnages se déplacent dans les mêmes décors, prononcent des dialogues souvent raides et donnent l’impression que l’on avance, pour finalement appuyer sur le bouton de réinitialisation. Même avec des épisodes centrés sur un bal masqué ou une panne de courant qui devraient les distinguer les uns des autres, ils sont unis par une tiédeur générale qui rend tout banal. C’est regrettable, car Molina, dans le rôle d’Elena, est une figure centrale fascinante et on est curieux de savoir ce qu’elle va découvrir. Par moments, on a même l’impression que la série se rapproche de certains éléments de la série Archive 81, malheureusement abandonnée.

Cet espoir de quelque chose d’un peu plus imaginatif s’avère rapidement une cause perdue, car The Watchful Eye ne fait que réarranger les personnages et les éléments de l’histoire. Bien sûr, il y a des moments occasionnels où l’on plonge dans le surnaturel, comme lorsqu’ils sortent soudainement une planche de ouija, mais il s’agit surtout d’une manière maladroite de délivrer des informations. Ces moments sont certes inattendus, mais ils n’ont aucun poids. Lorsque nous apprenons l’existence d’un lien familial clé à la fin de la saison, cela ne change pas vraiment la trajectoire de l’histoire de manière significative. Lorsqu’un personnage fait remarquer qu’il est « fatigué de cette conversation » au cours d’une scène particulière, cela donne un moment d’humour involontaire qui vient surtout de la façon dont il résume le sentiment d’ennui qui imprègne toute la série.

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Il y a beaucoup d’agitation dans tout ce qui se passe, ce qui peut parfois vous faire croire pendant quelques instants qu’il y a quelque chose de plus. Alors que The Watchful Eye fait le tour des différents personnages de l’immeuble, chacun d’entre eux sert à donner l’impression qu’il s’agit en fait d’une histoire complexe avec des acteurs contradictoires qui pourraient tous faire partie d’un complot. Plus tout cela dure, plus il est difficile de s’y intéresser. Il n’y a tout simplement jamais assez de substance dans tout cela. Lorsque les personnages envisagent de quitter le bâtiment pour laisser tout cela derrière eux, on a envie qu’ils le fassent. Évidemment, ils ne le font jamais longtemps, car cela reviendrait à abandonner le principe même de la série. Néanmoins, on se prend à souhaiter une vision ou une portée plus grande que l’étroitesse de cette histoire, même s’il y a très peu de choses à regarder.

Le seul moment qui reste en mémoire, de manière involontairement drôle, est celui où Elena découvre quelque chose qu’elle n’est pas censée découvrir et où un personnage estomaqué lui dit : « Qu’est-ce que tu crois faire ici ? ». S’il y a jamais eu une réponse convaincante à une telle question, nous ne l’avons jamais eue. Peu importe les gestes sauvages qu’il pose en faveur de quelque chose de plus, The Watchful Eye n’a pas le suspense nécessaire pour soutenir une histoire dont la plus grande révélation est la superficialité.

Note : D+

The Watchful Eye débute le 30 janvier sur Freeform.