Cette critique a été initialement publiée dans le cadre de la couverture du Festival international du film de Toronto 2022.

Philippa Longley (Sally Hawkins) traverse une période difficile de sa vie. Elle n’a pas été retenue pour un poste passionnant à son travail, elle souffre de fatigue chronique, et elle et son ex-mari John (Steve Coogan) essaient d’élever leurs enfants ensemble alors qu’ils font face à leur séparation. Après avoir assisté à une représentation particulièrement émouvante de Richard III, Philippa devient fascinée par le personnage principal et par l’héritage douteux de l’homme, croyant que son passé relève plus de la fiction que de la réalité. Dans Richard III, Philippa voit un peu d’elle-même, une autre personne incomprise qui mérite d’être défendue. Afin de découvrir la vérité sur Richard III et son passé, Philippa décide d’essayer de retrouver sa dépouille, perdue depuis longtemps dans la rumeur.

Au cours de ce voyage, Philippa reçoit souvent la visite de Richard III (Harry Lloyd), qui attend tranquillement devant chez elle qu’elle l’aide à retrouver ses restes. C’est un peu de réalisme magique injecté dans l’histoire d’une personne qui a suivi ses croyances, par opposition aux « vérités » que les gens ont essayé de lui imposer. La quête de Philippa est largement influencée par sa conviction que Richard III est enterré dans un parking, et bien que Philippa fasse certainement des recherches à ce sujet, c’est sa foi en sa justesse qui semble guider son voyage dans The Lost King.

Réalisé par Stephen Frears (Les Liaisons dangereuses, High Fidelity) et écrit par Coogan et Jeff Pope, The Lost King ressemble souvent à la dernière collaboration de ce trio, Philomena, qui mettait également en scène une femme (souvent assistée par Coogan) tentant de découvrir la vérité sur un passé sordide. Comme Philomena, The Lost King raconte l’histoire d’un outsider qui tente de s’opposer à l’establishment, et comment ce défi peut souvent ressembler à une lutte contre un mur de briques.

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Philippa rencontre un groupe appelé la Richard III Society, qui cherche également à découvrir la vérité sur le roi disparu, affirmant que la pièce de Shakespeare était tout simplement plus attrayante que la vérité. Au fur et à mesure que The Lost King avance, il semble que l’on puisse dire la même chose de The Lost King lui-même. Il s’agit d’une histoire décente d’outsiders qui fonctionne souvent grâce à des performances fiables, mais il est difficile d’imaginer que la véritable histoire n’est pas bien plus intéressante que celle qui nous est présentée. C’est comme si Coogan et Pope n’étaient pas convaincus que l’histoire originale était intéressante en soi, et qu’ils avaient préféré insérer des rois fantômes pour ajouter un petit quelque chose à l’histoire d’une femme qui tente de retrouver un roi enterré.

Comme beaucoup de films de Frears, The Lost King fonctionne grâce à une distribution convaincante. Hawkins est naturellement géniale dans le rôle de Philippa, une femme qui a été rejetée bien trop souvent et qui ne veut pas que le même sort soit réservé à Richard III. Hawkins apporte une vulnérabilité au rôle, mais aussi une puissance et une détermination qui lui permettent de mener à bien sa quête. The Lost King fonctionne non pas grâce à Frears, Pope ou Coogan, mais parce que Hawkins peut apporter une grande quantité de compassion et d’attention à ce personnage qui veut juste faire les choses bien – même si c’est pour un roi mort depuis longtemps.

Coogan est également très bon ici, et la dynamique entre lui et Hawkins est également un ajout bienvenu, car John se méfie d’abord de Philippa, puis la soutient lentement dans son voyage. L’arc de Coogan est charmant, et certains des meilleurs moments de The Lost King reposent sur le fait de voir ces deux-là se rapprocher comme ils ne l’ont pas fait depuis des années. Si nous retenons quelque chose de The Lost King, c’est que Coogan et Hawkins devraient certainement jouer l’un avec l’autre dans plus de films.

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À l’instar des derniers films de Frears, Florence Foster Jenkins et Victoria &amp ; Abdul, The Lost King est légèrement sinueux pendant la première moitié, avant de se terminer en apothéose dans le dernier acte pour ces personnages. Si la quête des ossements du roi Richard III peut parfois s’éterniser, le troisième acte constitue un excellent dénouement, même s’il se concentre en grande partie sur une équipe d’excavation qui creuse des trous dans un parking. On peut dire ce que l’on veut des films de Frears, mais il sait comment conquérir un public dans le dernier acte.

Mais c’est dans l’excitation du dernier tiers du film que le poids du reste du film se fait sentir. Alors que Philippa semble se rapprocher de son but, la fin de ce voyage suscite une joie débordante, surtout lorsqu’elle se retrouve face à face avec les hommes qui l’ont empêchée d’avancer. La puissance et le poids réels de ce récit sont repoussés à la fin du film, ce qui, rétrospectivement, donne l’impression que les deux premiers actes sont assez quelconques en comparaison.

Pourtant, The Lost King, comme Philomena, fait partie de ces films de Frears qui possèdent un charme inhérent dans lequel il est facile de se perdre. Il y a beaucoup de choix étranges dans The Lost King, de l’introduction de Richard III comme personnage pouvant aider Philippa à atteindre son but, à une histoire qui garde tout son poids dramatique jusqu’au dernier tiers. Mais en fin de compte, grâce à la touche de Frears et à la performance implacable et enthousiaste de Hawkins, il est difficile de ne pas être conquis par The Lost King, même s’il s’agit d’un autre exemple d’une histoire qui est plus attrayante que la vérité.

Note : B-

Le Roi Perdu est actuellement à l’affiche dans les salles de cinéma.